Edulcorants: les dernières études devraient alerter !

Les édulcorants ou substituts de sucre sont des additifs alimentaires utilisés pour conférer un goût sucré à des aliments et des boissons tels que les boissons non alcoolisées, les desserts, les produits laitiers, les bonbons, les chewing-gums ou encore les aliments allégés, les médicaments…Etc. On estime à 5000 produits et 600 médicaments contenant par exemple, de l’aspartam.

Ces édulcorants qu’ils soient de synthèse ou bien d’origine naturelle sont très récents dans l’alimentation humaine, notre recul sur leurs effets est souvent limité.
Utilisés en substitut complet ou partiel du sucre, ils sont consommés aujourd’hui dans de nombreux produits transformés pour limiter l’apport énergétique du sucre traditionnel (saccharose, glucose, fructose, lactose..).
L’idée est séduisante au départ, obtenir un goût sucré sans les calories du sucre. Mais sont-ils efficaces sur la gestion du poids et présentent-ils des dangers pour la santé ?

Sans entrer dans les détails de chaque édulcorant existants, l’idée ici est de vous aider à faire les bons choix en privilégiant ceux pouvant être utilisés sans risque.

Les édulcorants à éviter

Nous parlons ici des principales études ayant montré des dangers sur la santé pour les édulcorants suivants:

  • Aspartame
  • Saccharine
  • Acésulfame K
  • Erythritol
  • Sucralose

Edulcorant et obésité

Une augmentation du risque d’obésité chez les utilisateurs réguliers est retrouvée
dans toutes les grandes études épidémiologiques (*).

Édulcorants et diabète

La consommation régulière d’édulcorants représenterait un facteur indépendant
de développement de diabète de type 2 selon plusieurs grandes études épidémiologiques (*).

Mécanismes potentiels

Si les données épidémiologiques paraissent clairement relever un risque d’obésité et de
diabète de type 2, secondaire à la consommation régulière d’édulcorants, les mécanismes
physiopathologiques à l’origine de ces troubles métaboliques ne sont pas encore totalement
compris. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées.

1 Effets sur l’axe intestin-cerveau

Les édulcorants se lient avec une forte affinité à ces récepteurs linguaux du goût sucré, avec
pour conséquence une augmentation du seuil de perception et donc une diminution de la
sensibilité au sucre.

Par ailleurs, des travaux ont montré que certains édulcorants (acésulfame-K) pourraient
passer la barrière méningée et ainsi réduire, au sein du SNC, la sensibilité aux signaux de satiété

2 Modification du microbiote intestinal

Plusieurs études ont mis en avant un lien entre la consommation d’édulcorants et la perturbation de la flore intestinale, favorisant l’insulinorésistance et une intolérance au glucose (*).

3 Perturbations hormonales

Chez l’animal comme chez l’homme, une diminution de sécrétion de glucagon intervient après la prise d’édulcorants. Le glucagon est très important en phase jeune pour réguler notre métabolisme. Cela pourrait, en partie, rendre compte de leur effet potentiellement diabètogène.

4 Effets directs sur le métabolisme du glucose ?

Un effet direct des édulcorants sur le métabolisme du glucose n’est pas totalement exclu.
En effet, certaines études animales ont montré une hausse de l’absorption intestinale du
glucose par augmentation d’expression du cotransporteur sodium-glucose 1.

5 Augmentation de la prise alimentaire

Il est souvent observé, dans les études animales, une plus forte prise alimentaire chez les
animaux sous édulcorants. Chez l’homme, plusieurs études ont mis en évidence un
phénomène identique après consommation de boissons édulcorées.

Edulcorant et risques de cancers

L’OMS considère désormais que l’aspartame, un édulcorant artificiel utilisé dans les sodas, est « peut-être cancérogène pour l’homme » même si la dose journalière considérée comme étant sans risque reste inchangée, a-t-elle indiqué vendredi 14 juillet 2023 (1).
L’institut de l’OMS basé à Lyon (CIRC) a classé l’aspartame comme peut-être cancérogène pour l’homme (groupe 2B) sur la base de preuves limitées de cancer chez l’homme (en particulier, pour le carcinome hépatocellulaire, qui est un type de cancer du foie).

Edulcorant et risques cardiovasculaires

Un communiqué émanant de l‘INSERM, relatif à une étude (2) sur la consommation de ces
édulcorants, montre qu’ils ont en effet sur la survenue d’accidents vasculaires (AVC) ou cardiovasculaires. Ces édulcorants ne sont pas équivalents entre eux, et les principales caractéristiques de
l’aspartame, de l’acésulfame-K et du sucralose sont évoquées ici.

Une autre étude (3) a pu mettre en évidence les dangers de l’érythritol sur le système cardiovasculaire. Ce dernier était particulièrement associé à un risque d’événement cardiovasculaire (décès, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) durant les trois ans de suivi, quand il était consommé en quantité élevée.

L’érythritol peut être présent en faible quantité dans certains aliments, notamment des fruits,
mais en tant qu’édulcorant produit en grande quantité par fermentation, il est incorporé dans
des aliments à des doses 1.000 fois plus élevées, ce qui est nécessaire en raison d’un pouvoir
sucrant plus faible que le sucrose, expliquent les auteurs. Il a un succès grandissant et il est
estimé que sa part de marché devrait doubler dans les cinq ans.

Quid du Sucralose ?

Ces dernières années, des chercheurs se sont particulièrement intéressés au sucralose.
Cet organochloré est, à ce jour, l’un des édulcorants les plus employés aux côtés de l’aspartame.
Selon les études (4) ce substitut du sucre peut perturber le métabolisme de nombreuses façons. Ainsi, une prise répétée favoriserait des dérèglements hormonaux, des troubles métaboliques et des perturbations de la flore intestinale.
Malheureusement, le sucralose figure parmi les additifs que l’on retrouve le plus souvent dans la
composition de nombreuses denrées alimentaires, notamment dans les boissons alcoolisées ou non, les desserts, les confiseries, les céréales, des compléments alimentaires comme certaines protéines en poudre…Etc.

Il est important de noter qu’il est absolument déconseillé de chauffer ou cuire les aliments contenant du sucralose. Certains de ces composants, comme les molécules organochlorées, entraîneraient
la formation de composés hautement toxiques (5). L’aspartame également pose problème en cas de forte chaleur, il perd son goût sucré et libère des sous-produits comme le méthanol. Dans le foie, ce méthanol est transformé en formaldéhyde, un composé hautement toxique qui entraîne notamment des troubles de la vue, de l’ouïe et de l’attention.

Les édulcorants plus sûrs

Les polyols

Les polyols sutilisent comme alternatives au sucre, et sont obtenus par procédé industriel, par
extraction du glucose présent dans l’amidon de maïs par exemple ou bien d’autres végétaux. Les polyols se présentent sous forme de petits cristaux blancs, identiques au sucre en apparence. Ils peuvent être identifiés sous les dénominations suivantes :

  • Maltitol
  • Isomalt
  • Lactitol
  • Mannitol
  • Sorbitol
  • Xylitol

Les polyols sont souvent utilisés pour fabriquer des confiseries, des chewing-gums sans sucre
ainsi que dans certaines glaces et pâtisseries.

Pourquoi remplacer le sucre par les polyols ?

Ils contiennent moins de calories. Les polyols sont obtenus avec des glucides faiblement digestibles. Ils ne seront pas métabolisés complètement dans l’organisme et partiellement absorbés par l’intestin. Comme les autres types de glucides, ils fournissent de l’énergie à votre organisme, mais ils sont par contre moins caloriques : 2 kcal par gramme, contre 4 kcal pour le sucre conventionnel. Un polyol fait exception à cette règle : il s’agit de l’érythritol, qui lui ne contient pas du tout de calories !

Les polyols ne sont pas cariogènes. Lorsque vous étiez enfant, on vous disait de ne pas abuser des bonbons pour ne pas avoir de caries !
En effet, un abus de sucre peut favoriser le développement des caries en acidifiant le pH de la cavité
buccale. Les polyols permettent à l’inverse de contribuer au maintien de la minéralisation dentaire,
notamment le xylitol présent dans les chewing-gums sans sucre selon une étude menée par l’EFSA.

Polyols et diabète : peut-on en consommer ?

Pour conserver le goût sucré des aliments que l’on apprécie, les polyols représentent également une
bonne alternative au sucre conventionnel pour les personnes diabétiques ou celles qui souhaitent
réduire facilement leur consommation.

Les polyols ont la particularité d’avoir un index glycémique bas (de 0 à 35 selon l’édulcorant), contre près de 50 pour le sucre classique. La consommation modérée de polyols permet donc de contribuer à maintenir un taux de glycémie stable.

Les dangers et contre-indications des polyols

Classés comme additifs alimentaires sûrs, les polyols ne provoquent pas de dangers sur la santé.
En revanche, ils doivent être consommés comme tout aliment avec modération.
En effet, les polyols ne sont pas entièrement absorbés par l’intestin grêle, et peuvent donc entraîner
des désagréments d’ordre digestif comme des ballonnements, des douleurs abdominales ou des
diarrhées lorsqu’ils sont consommés à forte dose ou chez les personnes sensibles.
La dose journalière à ne pas dépasser a été fixée à 20 g.

Qu’en est-il de la stévia ?

L’extrait de Stévia est un édulcorant naturel.
Une nouvelle synthèse des données de sécurité démontre la totale innocuité de ce produit.
La Stévia est une plante d’Amérique du Sud qui renferme du rébaudioside A, une substance
au pouvoir sucrant environ 300 fois supérieur au sucre de table. Reconnu comme sans danger par les autorités de santé Américaine, l’utilisation de l’extrait de Stévia est autorisée dans l’union Européenne depuis quelques années.
Malgré son caractère naturel certains chercheurs ont émis récemment des doutes sur les
dangers de la Stévia, notamment concernant son éventuel caractère cancérigène.
Des chercheurs Américains ont donc décidé de passer au crible toute la littérature médicale
pour conclure définitivement sur l’existence ou non d’un tel risque. Leur conclusion
est très simple : « La base de données actuelle des études menées in vivo et in vitro sur les
extraits de Stévia est solide et n’indique aucun effet génotoxique. Les données sont suffisantes
pour établir l’innocuité de cette substance concernant le risque mutagène et cancérigène. »
Avec l’ensemble de ces données on peut donc considérer que l’extrait de Stévia est un des
édulcorants les plus sûrs disponibles actuellement, sur lequel il existe peu de doute,
contrairement à d’autres édulcorants chimiques. L’extrait de Stévia naturel a en revanche un
léger goût de réglisse qui déplaît parfois aux consommateurs.

Conclusion

Au vu de ces éléments, j’aurais tendance à avoir une approche assez radicale vis à vis des édulcorants. Il me semble que plus on s’en éloigne mieux c’est, compte tenu des effets secondaires possibles sur notre santé évidemment, mais également, car ces additifs sont toujours incorporés à des aliments transformés, lesquels nous devrions limiter au maximum. Les éviter également, en raison du fait que, leur existence même, est fondée sur une idée fausse, celle de réduire les apports caloriques et limiter la prise de poids. Hors nous l’avons vu il est fort probable que cela soit en réalité le résultat inverse que l’on risque. La consommation d’aliments transformés dits  »sans sucre ou allégés’‘ est finalement basés sur des arguments marketing faux, qui peuvent avoir l’effet inverse et surtout des conséquences non négligeables sur la santé.

Le sucre est bien évidemment à limiter dans notre alimentation, mais à s’accorder de temps à autre  »un vrai sucre », comme une cuillère à café de miel ou de confiture… Me semble bien plus intéressant.

Références:

(*) Source et références : https://www.elsevier.com/fr-fr/connect/les-edulcorants-sont-ils-dangereux

(1)L’OMS déconseille l’utilisation d’édulcorants (unric.org)

(2)Etude française inserm: https://presse.inserm.fr/la-consommation-dedulcorants-serait
-associee-a-un-risque-accru-de-maladies-cardiovasculaires/65705/

(3) Published: 27 February 2023 The artificial sweetener erythritol and cardiovascular event risk | Nature Medicine

(4) « Sucralose affects glycemic and hormonal responses to an oral glucose load »1 et
« Sucralose, A Synthetic Organochlorine Sweetener: Overview of Biological Issues »2

(5) Heating of food containing sucralose might result in the generation of potentially toxic chlorinated
compounds par Eisenreich et al – 2020